Au Japon, dans les grandes villes, au cœur de leurs innombrables parcs et jardins, lorsque la brume hivernale se dissipe peu à peu, le printemps explose dans un camaïeu de rose et de blanc. Mais qui en sont les protagonistes ? Les fleurs de cerisier en pleine éclosion ! De fin mars à mi-avril, de Tokyo à Osaka en passant par les petites îles de Shikoku et Kyushu, c’est l’effervescence. On célèbre le hanami, le renouvellement de la vie… les cerisiers en fleur, les sakura, sont littéralement adulés lors de grands pique-niques, d’animations et de festivals. Zoom sur ce phénomène naturel et culturel unique !
6 lieux pour voir les cerisiers en fleur
Quel que soit l’endroit où l’on se trouve dans les villes du pays, le long des principales artères ou dans les ruelles, on ne peut manquer les magnifiques fleurs roses et blanches des cerisiers. Pour profiter au mieux du rituel social du hanami et de la ferveur collective, l’idéal reste encore de pousser la porte des nombreux parcs et jardins qui concentrent souvent plusieurs spécimens de cerisiers (le Japon en compte 600 variétés). Du nord au sud du Japon, voici quelques spots intéressants, parmi 1000 répertoriés, pour admirer les cerisiers en fleur. De quoi devenir fleur bleue !
1. Tokyo
Lors d’un voyage à Tokyo, pas besoin de chercher bien loin pour assister à la floraison des cerisiers. La mégalopole nippone compte une dizaine de parcs où s’épanouissent plusieurs milliers de ces arbres. Parmi les plus célèbres, le parc de Ueno. Ce véritable poumon vert, proche de la gare centrale, abrite un étang, un zoo, des temples et des musées animés de concerts et de spectacles en cette occasion. Autre lieu prisé par les Tokyoïtes, Shinjuku Gyoen, le jardin impérial national de Tokyo, niché entre les gratte-ciel à l’ouest de la ville dans le quartier d’affaires éponyme. Avec ses 58 hectares, c’est l’un des plus grands parcs de la capitale. Revendiquant son inspiration occidentale et son héritage asiatique, à travers un jardin à la française, un jardin paysager anglais et un japonais, il comprend de vastes pelouses et près de 20 000 arbres dont 1500 cerisiers déclinés en une dizaine de variétés (Somei Yoshino, Kanzakura, Ichiyo, Kanzan…).
2. Kyoto
fghjfgdjhfghj
Il y’aurait environ 200 jardins arborés de cerisiers dans cette ancienne capitale impériale située au sud-ouest du Japon. Au cours du printemps, ils offrent tous des paysages resplendissants et une ambiance très chaleureuse avec leurs jeunes femmes habillées en geishas dansant sous les cerisiers en fleur. S’il fallait faire un choix, le chemin de la philosophie s’impose comme un lieu particulièrement agréable pour se balader à cette saison. Longeant un petit canal du lac Biwa sur environ 2 km, ce sentier est bordé d’une centaine de cerisiers et parsemé de jardins de contemplation tous plus zen les uns que les autres. Il permet également de rejoindre au nord le somptueux temple Ginkaku-ji (ou Pavillon d'argent), classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Tout aussi populaire, à l’est de Kyoto, dans le quartier de Higashiyama, le grand parc de Maruyama accueille près de 700 sakura dont un superbe cerisier pleureur de 12 m d’envergure. Célèbre dans tout le pays, cet arbre gigantesque est éclairé la nuit pendant la période de floraison, un beau spectacle en perspective !
3. Osaka
Cette ville réputée pour ses habitants (2,7 millions) les plus sociables du pays recèle aussi de magnifiques endroits pour se délecter de la beauté éphémère des cerisiers en fleur. Le château d’Osaka, le plus grand d’Asie en est un parfait exemple. Au pied de cette imposante bâtisse datant du XVI ? siècle, s’étend un grand parc d’1 km ² planté de 3000 cerisiers entourant des plans d’eau. À l’approche de la pleine floraison, une foule de badauds se pressent sur ses sentiers pédestres. Pour avoir une vue d’ensemble de ce formidable tableau vivant, rien de tel que de monter au 8 ? étage du château, en haut du donjon. En prime, on peut observer tous les détails architecturaux du bâtiment (tuiles vertes, ornements dorés) et visiter son musée d’histoire.
4. Nara
Accessible en train rapide depuis Kyoto en seulement 45 minutes, cette ville de la région du Kansai est sans doute l’un des lieux les plus bucoliques du Japon pour célébrer hanami. Berceau de l’écriture et de l’art bouddhique, elle cache en son sein, au pied du mont Wakakusa, l’immense parc de Nara de 600 hectares.Sous les dentelles de fleurs de ses nombreux cerisiers, on peut y croiser près de 1200 daims peu farouches qui gambadent en totale liberté. Considérés comme les messagers des dieux dans la religion shintoïste, ces cervidés viennent volontiers à la rencontre des visiteurs pour grappiller de la nourriture. Le parc renferme aussi des monuments historiques remarquables, classés au patrimoine mondial par l’Unesco : le majestueux temple Todai-ji, le plus grand bâtiment en bois du monde avec sa statue géante en bronze de Bouddha (15 m de haut) et le sanctuaire shinto Kasuga Taisha, célèbre pour ses 3000 lanternes disséminées le long du chemin menant au tombeau. Ce havre de paix est à parcourir à pied ou à vélo lors d’un voyage de 10 jours au Japon.
5. Kanazawa
Kanawaza est la petite perle d'Ishikawa, une préfecture située au nord d'Honshu, au bord de la mer du Japon, au pied des Alpes japonaises. Rejoignable en train depuis Kyoto en moins de 2h30, cette ville féodale de plus de 400 ans d’histoire est un spot prisé des Japonais pour admirer les sakura. Ses résidences de samouraïs, et ses maisons de geishas typiques aux belles fenêtres en bois, forment le cadre idéal pour assister à la magie du hanami. En particulier, dans le jardinKenroku-en, considéré comme l'un des trois plus beaux jardins du Japon : sa ribambelle de cerisiers en fleur se reflètent à la surface de l’étang Hisago-ike aux côtés de la pagode Kaiseki. Juste en face, le parc du château de Kanazawa rivalise de beauté. Cerné d’allées de cerisiers aux fleurs rose pâle, l’enceinte du château est particulièrement bien conservée avec ses douves et murs datant de l’époque d’Edo (1603-1868).
6. Shikoku et Kyushu
Ces deux îles paisibles localisées au sud d'Honshu (l’île principale du Japon), font partie de ces endroits hors sentiers battus pour assister, dès février, à l’éclosion des fleurs de cerisier. La première, Shikoku, célèbre pour son chemin de pèlerinage aux 88 temples, abrite le jardin Ritsurin-koenà Takamatsu. Classé « trésor national d'envergure », cette oasis verdoyant renferme 1000 pins, de multiples cerisiers et pruniers en fleur. Quant à la seconde, Kyushu, elle comprend à Fukuoka, plus grande ville et cœur économique de l’île, de splendides sites pour se balader entre les cerisiers en fleur : le jardin Ohori avec les ruines des douves du château ; le temple Tôchô-ji où trône au beau milieu de sa cour un énorme cerisier centenaire, avec en toile de fond une pagode flamboyante à 5 étages ; ou encore le jardin Maizuru et ses 1000 cerisiers attirant chaque année près de 350 000 visiteurs lors de son festival.
Quand partir pour voir les cerisiers en fleur au Japon ?
La meilleure période pour voir les cerisiers en fleur
La période de floraison des cerisiers varie d’une année à une autre et est un peu différente selon les régions. Elle dépend de la géographie, de l’altitude et des conditions météo locales. Si le mankai (la pleine floraison) survient en général de fin-mars à mi-avril, entre Osaka et Tokyo, il apparaît plus tôt, vers la fin du mois de janvier, à l’extrême sud de l’archipel (îles d’Okinawa et Kyushu). Au nord, dans les régions plus froides, de Honshu à Hokkaïdo, le phénomène s’achève en mai. Dans tous les cas, la durée pour observer les cerisiers en fleur est assez courte : 10 jours, 2 semaines tout au plus. Et si l’on manque la floraison des sakura, on peut se rattraper avec l’étape successive où les pétales des fleurs se détachent des arbres, telle une tempête de neige, dans une atmosphère féérique.
Comment prévoir la saison des cerisiers en fleur ?
Chaque année, du fait des aléas météorologiques (humidité, froid, chaleur, sécheresse) et du réchauffement climatique, la floraison des cerisiers au Japon est de plus en plus imprévisible. En 2021, par exemple, à Kyoto, celle-ci a atteint son apogée le 26 mars (contre le 1er avril en 2020), soit la date de floraison la plus précoce depuis 1200 ans. Aussi, il n’est pas toujours aisé de planifier son voyage au Japon. Pour aider les Japonais comme les touristes à prévoir autant que possible cet évènement éphémère, l’agence météorologique du Japon mène des études très sérieuses sur l’avancement des bourgeons avant leur éclosion. Qui plus est, des milliers de sites webpublient et actualisent en direct les prévisions de floraison dans les principales villes du pays. Et à la télévision japonaise, sur les chaînes d’information, un bulletin météo spécial, appelé le « sakura zensen », est diffusé chaque jour avant la fameuse période.
Un peu d'histoire... Du riz à la cerise… en passant par la prune ! |