Tout à l’est du continent asiatique, le Japon est un archipel aussi étonnant que varié. Mégalopoles ultra-modernes et montagnes enneigées, volcans actifs et forêts denses, plages de sable blanc et temples millénaires, rizières… au cœur des villes ou à leurs portes, voici une contrée où la nature est particulièrement préservée, tantôt sauvage, tantôt façonnée par la main de l’homme, cultivée ou érigée en art comme dans ses jardins paysagers. À travers des randonnées sur les flancs des volcans ou dans les parcs nationaux verdoyants, un périple en Shinkansen, le train le plus rapide du pays, des balades en barque ou en pirogue sur la mer, les rivières ou les canaux, ou même une nuit dans un temple bouddhiste, les paysages du Japon se révèlent, en toute saison, multiples, déroutants, relaxants et très poétiques. La preuve avec cette belle sélection…
Sommaire Les paysages emblématiques
|
Les paysages emblématiques du Japon
Le mont Fuji, l'icône
Impossible de lister les paysages du Japon sans présenter LA montagne emblématique du pays. Le mont Fuji (Fuji-San), c'est tout un symbole : site spirituel, lieu de pèlerinage, icône culturelle et source d’inspiration pour d’innombrables artistes. Objet de fascination, on le retrouve partout au Japon : dans les tableaux, les gravures et même sur les billets de banque ! À une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tokyo, ce volcan (éteint depuis 1707) contemple le pays du haut de ses 3 776 mètres. Ce mont solitaire, d’une extrême beauté, couronné de neiges éternelles, domine majestueusement les villages alentour, la mer et les lacs bordés d’arbres. Les plus beaux points de vue ne sont pas sur les sentiers qui sillonnent ses flancs, mais tout autour. Pour en profiter au maximum, il suffit de prendre le train express Shinkansen, dont le trajet offre des vues imprenables sur la montagne mythique…puis, de filer randonner dans la nature environnante, pédaler au bord des lacs qui jouxtent le volcan et dormir une nuit en bungalow, juste à ses pieds, pour des couchers et levers de soleil aux teintes hallucinantes.
Les jardins zen de Kyoto, havres de sérénité
Dans ces lieux de méditation et de contemplation, tout s’entremêle avec harmonie, subtilité et une certaine rigueur : sable, graviers, mousse, rochers, arbustes… Dans ce décor miniature, on laisse libre cours à son imagination et, tout à coup, une pierre représente une montagne, une allée de galets ou pas japonais se transforme en rivière, une étendue de sable devient un immense désert. Sous le bruit du vent dans les feuilles, on est absorbé par ces espaces naturels et minéraux, aussi gracieux qu’énigmatiques. Le plus simple pour les découvrir est de partir pour une randonnée urbaine de parc en parc. Avec ses centaines de « jardins secs » (Karesansui), à l'esthétique épurée, disséminés dans la ville, on a l’embarras du choix à Kyoto, ancienne capitale du Japon située sur l'île d'Honshu. S’il faut commencer par un, ce serait celui du temple Ryoan-ji, qui abrite l’un des plus beaux jardins zen de la mégalopole. Classé au patrimoine mondial par l'Unesco, c'est la parfaite représentation de la philosophie bouddhiste zen. À une quinzaine de minutes de marche, le jardin du parc attenant au Temple du Pavillon d’Or (Kinkaku-Jie) vaut le détour lui aussi. Cet espace vallonné parsemé d’arbres, de mousse et d’étangs aux nénuphars représente une miniature du paradis du Bouddha Amida. Magique et profondément apaisant !
Les champs de lavande d'Hokkaido, un défilé de couleurs
Et oui, même le Japon a sa lavande ! En plein cœur de l’île d'Hokkaido, tout autour de la commune de Furano, se trouve l’un des plus importants lieux de production du pays. L’été, les tapis de fleurs de lavande passent du vert-gris au violet, pour former des champs éclatants sur des kilomètres à la ronde. Les collines aux doux reliefs prennent des teintes mauves mais aussi jaunes, rouges ou blanches, notamment du côté de la ferme Tomita, l'un des sites les plus photogéniques d'Hokkaido. Là-bas, la lavande côtoie des rangées de coquelicots rouge écarlate, tulipes clinquantes, fougères vert vif, cosmos chatoyants, gypsophiles étincelants… un véritable patchwork où l’on en prend plein les yeux. Pour s’imprégner de cette atmosphère odorante et colorée, l’idéal est de se déplacer d’une ferme à l’autre en véhicule, puis de remplir ses pupilles de ce kaléidoscope hautement fleuri.
Les forêts de bambou d'Arashiyama, hypnotiques
Au nord de la ville de Kyoto, la bambouseraie d’Arashiyama (ou forêt de bambou de Sagano) est un incontournable des paysages du Japon. C’est même l’un des sites les plus emblématiques de Kyoto. Le long de la rivière Katsura, cette forêt d’arbres géants constitue une douce échappée zen sur un sentier bordé de rangées de bambous, dans une ambiance vert émeraude. Après avoir sauté dans un train ou un tramway depuis le centre de Kyoto, on pénètre à pied dans un monde où tout est graphique, photogénique, hypnotique. L’alignement presque parfait des tiges verticales, les rayons du soleil qui percent çà et là, le doux bruissement des bambous qui se balancent (et qui a même été classé dans les « 100 paysages sonores du Japon » par le ministère japonais de l’environnement !) : il y a dans ces lieux quelque chose de poétique et hors du temps.
Les Alpes japonaises, les plus hautes montagnes du Japon
À 200 km au nord-ouest de Tokyo, au centre de l'île principale d’Honshu, ces « montagnes sacrées » comme on les surnomme comptent à elles seules 6 volcans, 2 plateaux de lave et les gorges les plus profondes du pays. Il s’agit en réalité de 3 chaînes de montagnes transversales : Alpes du Nord (avec le mont Hida), Alpes Centrales (et le mont Kiso) et Alpes du Sud (et le mont Akaishi). Les Alpes du Nord sont particulièrement propices aux sports de plein air avec leurs falaises escarpées et sommets enneigés de plus de 3 000 m, situés dans le parc national des Alpes japonaises (Chubu-Sangaku). Les Alpes centrales, non loin de Nagano (rappelez-vous, les Jeux Olympiques de 1998), ne sont pas en reste. C’est dans ce mélange de vallées boisées et de collines ondulantes que se trouve le parc national Joshinetsu Kogen… et l’un des plus grands domaines skiables du Japon, le Shiga Kogen. Les Alpes du Sud, quant à elles, sont entièrement dédiées aux amoureux de la nature. Au cœur du parc national Minami Alps, classé par l'Unesco réserve de biosphère, se dressent des sommets emblématiques : le mont Akaishi et le mont Kita (3 193 m), deuxième plus grand du pays après le mont Fuji. Avec ses sentiers panoramiques et sa nature préservée, ce parc est un paradis pour les randonneurs et les grimpeurs.
Les plages tropicales d'Okinawa, la carte postale
Quand on pense aux paysages du Japon, on pense rarement (voire jamais) aux plages. Et pourtant,30 000 km de côtes, ça en fait des plages ! Les plus belles et paradisiaques sont celles d’Okinawa. Avec 160 îles et un climat subtropical qui n'a rien à envier à Miami, la plus méridionale des préfectures japonaises est un puzzle de plages de rêve. À 3h de vol de Tokyo, place à une nature sublime faite de forêts luxuriantes bordées de sable blanc, d’une mer turquoise, de criques idylliques et de couchers de soleil magiques. Elles se dévoilent lors de randonnées dans les forêts du parc national de Yanbaru ou à bord d’une pirogue qui navigue vers la barrière de corail dans un doux balancement...
Les cerisiers en fleur d'Hirosaki, du rose à perte de vue
Impossible d’imaginer un voyage au Japon sans avoir en tête les sublimes cerisiers japonais en fleur (sakura), reconnaissables entre mille par leur abondance de pétales rose pâle. Au nord de l'île d'Honshu, entre fin avril et début mai, le parc d'Hirosaki offre un spectacle des plus grandioses : le festival des cerisiers en fleurs. Les 2600 cerisiers de 52 variétés différentes du jardin, en pleine floraison, sont sublimés de toutes les manières : tunnels de sakuras fleuris, radeaux de fleurs, cerisiers illuminés, tapis de fleurs roses… Il y a quelque chose d’irréel et de somptueux. On se croirait dans une scène d’un dessin animé d'Hayao Miyazaki ! Les habitants du coin affluent pour s’adonner au hanami, l'observation des cerisiers en fleur, de jour comme de nuit, notamment autour du château d'Hirosaki dont les cerisiers s'illuminent après le coucher du soleil créant un spectacle enchanteur.
Les villages de Shirakawa-go et leurs jolies chaumières
Attention, contraste ! Ici, on est loin des villes ultra-modernes de l'île d'Honshu. Très loin. Dans cette partie montagneuse des Alpes japonaises, le temps semble s’être arrêté. Nature protégée, volcans enneigés, vallées boisées : c’est dans cet écrin préservé que se nichent certains des plus jolis villages du Japon. Cernés de verdure et de quelques rizières, les habitations qui peuplent la zone de Shirakawa-go et de Gokayama, charment en un coup d’œil. Ces maisons, classées par l'Unesco, sont typiques de la région. C’est le style gassho-zukuri, composé de grandes bâtisses au toit de chaume dont la double pente très accentuée permet à la neige de glisser. Si l'on veut ajouter encore un peu plus de magie, on peut s'y rendre en train à grande vitesse, de préférence en plein hiver quand les toits sont recouverts de neige et que la ville s'illumine la nuit, plongeant le voyageur dans un décor féerique, digne des plus beaux contes.
Les paysages insolites du Japon
Le mont Koya, haut lieu du pèlerinage bouddhiste
Le mont Koya (Koya-san), c’est bien plus qu’une montagne. Pour être précis, c’est une zone montagneuse entourée de petits sommets, parsemée de 117 temples bouddhistes encore en activité. Au sud-est d'Osaka, cette montagne sacrée est le plus important site de pèlerinage bouddhiste du Japon : il y règne une atmosphère magique et mystérieuse. Lumière qui filtre entre la végétation foisonnante, brume enveloppante et mystique : tout invite au calme et à la dévotion. Le site s’aborde à pied ou en funiculaire, en commençant par le temple principal de Kongobu-ji, trésor national classé par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Il y aussi l’Okuno-in, cimetière de milliers d’âmes au milieu d’une forêt monumentale d’arbres centenaires, ou encore le Toro-do, le temple aux 10 000 lanternes scintillantes et l’impressionnant complexe de pagodes du Garan (ou Danjogaran). Le mieux, pour s'imprégner entièrement de l’ambiance paisible du mont Koya, c’est de dormir sur place sous la tente ou dans l'un des temples bouddhistes. Au petit matin, une fois réveillé par le son des cloches, il sera alors temps de partir randonner sur les sentiers arborés, ponctués de sanctuaires millénaires...
Les dunes de Tottori, le désert en bord de mer
On pourrait se croire immergé dans le monde de « Dune » (les dangereux vers des sables en moins, on vous rassure) si la mer n’était pas à portée de vue. À 20 minutes en bus de l'ancienne ville fortifiée de Tottori, au sud-ouest d'Honshu, à cette étendue de sable géante s’étale sur 16 km en direction des terres et 2 km le long du littoral. Cet étonnant phénomène naturel s’est formé il y a plus de 100 000 ans. Depuis les montagnes du Chugoku jusqu'à la mer du Japon, les sédiments ont fait le voyage via la rivière Sendaigawa et se sont accumulés jusqu’à former des dunes de 50 m de haut, les plus hautes du Japon (certes, deux fois moins que la dune du Pilat, mais quand même !). Cela donne un horizon quasi-surréaliste, dans un pays plus habitué à la végétation dense et aux vallées boisées. Pour avoir une vue globale de ce paysage qui évolue au grès des marées et des vents, on peut prendre un télésiège qui monte à la terrasse d'observation du Sakyu Center. Et pour compléter cette immersion sableuse, à deux pas se trouve le musée du Sable, qui expose des sculptures étonnantes en sable bien sûr, réalisées par les meilleurs sculpteurs du monde entier.
La péninsule de Shiretoko, une nature à l’état brut
Espaces naturels et lacs préservés, forêts immergées, oiseaux rares et faune sauvage (ours, phoques, dauphins, orques…) : la nature de la péninsule de Shiretoko, c’est quelque chose ! À l'extrémité nord-est d'Hokkaido, c’est l'une des mieux conservées du Japon. Bordée par la mer d'Okhotsk à l'ouest et le détroit de Nemuro à l'est, son activité volcanique est à l'origine de nombreux lacs - dont les fameux cinq lacs de Shiretoko -, de cascades secrètes et de falaises abruptes. Avec plus de 800 espèces de plantes, 500 variétés d'organismes vivants, elle mérite allègrement d’être inscrites par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité. Pour admirer tous les trésors naturels de ce parc national, il faut enfiler ses chaussures et partir en randonnée (à pied l’été, avec des raquettes l’hiver). Ou bien attraper ses jumelles et embarquer pour une croisière d’observation naturaliste. La règle d’or, c’est d'y aller lentement et discrètement. Ici, c’est le bout du monde et les animaux sont rois !
Le parc national d'Akan et ses lacs émeraude
C’est le paradis des randonneurs et des amateurs de nature. Au nord-est de l’île d'Hokkaido, le parc national d'Akan-Mashu et ses trois grands lacs de cratère (Akan, Kussharo et Mashu) font partie des paysages incontournables du Japon, composé de monts verdoyants et de lacs de cratères que l’on peut facilement parcourir à pied ou à vélo. Nature empreinte de sérénité, massifs volcaniques recouverts de forêts primaires, caldeiras bleue émeraude : ici, le temps n’a plus de prise. Encore moins devant la caldeira du lac Mashu, dont les parois escarpées et la surface sans cesse changeante en font l’un des plus somptueux lacs du Japon. Le temps s’étire aussi dans les stations thermales près de la rivière d’eau chaude Kawayu Onsen, au pied du mont Io (Io-zan). Même impression au sommet de ce volcan, dont les milliers de fumerolles de souffre jaune s’échappant du sol vous font voyager sur une autre planète. Pas besoin de dépenser des millions et de trouver une fusée pour aller sur Mars : il suffit de faire 1h de voiture depuis Kushiro ou Abashiri et de marcher un tantinet.
Le parc national de Setonaikai, beauté naturelle et culturelle
Entre terre et mer, ce parc englobe à la fois des bouts de continent et un archipel tout entier. 9 000 km², 3000 îles, c’est le plus grand du pays. À la croisée des îles d'Honshu, Shikoku et Kyushu, bordé par la mer intérieure de Seto (on l’appelle aussi parc national de la mer intérieure de Seto), c’est l’une des pépites de l’ouest du Japon. La route panoramique qui relie plusieurs îles entre elles, via des ponts tous plus impressionnants les uns que les autres, est une porte d’entrée grandiose dans cet univers varié. On passe de plages de sable blanc à des forêts de pins côtières, d'un littoral sauvage à de charmants villages de pêcheurs. Si les eaux sont paisibles, les marées et les forts courants créent parfois des phénomènes spectaculaires, comme les tourbillons du détroit de Naruto. Le patrimoine culturel est lui aussi magnifique, à l'image du sanctuaire d'Itsukushima-jinja, célèbre pour son grand torii (portail traditionnel japonais à l'entrée des sanctuaires shintoïstes), immergé du côté de l'île sacrée de Miyajima et classé par l'Unesco au patrimoine de l'humanité. Dans ce parc terrien et marin, nature et culture ne font qu’une.
Les volcans sulfureux de Kyushu
Kyushu est une île bouillonnante d'énergie et d'activités. Bouillonnante, c’est le bon mot, puisque c’est la région la plus volcanique du pays ! C'est ici que se trouve le plus grand volcan en activité du Japon : le mont Aso, qui donne son nom au parc national d'Aso Kuju. Cette montagne est un véritable complexe volcanique regroupant une quinzaine de cônes et une grande variété de formations géologiques. On passe du doré des prairies au gris des cendres, via les eaux bleues de sa surprenante caldeira (128 km de circonférence, l’une des plus grandes du monde). Autre volcan célèbre de Kyushu : Sakurajima. Dans le parc national Kirishima Kinkowan, cette île volcanique de 80 km² est composée de trois pics très actifs, dont les fumerolles forment des nuages aux formes improbables. Pendant les périodes d'inactivité, on peut même randonner jusqu'au sommet pour une vue à couper le souffle sur la charmante baie de Kagoshima. Parmi les volcans de Kyushu, on compte aussi le mont Unzen, dont les sentiers traversent une grande zone verdoyante et fleurie aux beaux jours, avant de finir dans « L'enfer », site de sources thermales dont les vapeurs s'élèvent dans les airs… un enfer pas si désagréable, finalement.