On pense souvent à la beauté du Japon sous les cerisiers en fleur au printemps, ou durant le Momijigari, la chasse aux feuilles d’érable rougeoyantes en automne. Mais connaissez-vous le Japon en hiver, lorsque la nature pare les splendides paysages nippons d’un épais manteau blanc ? De décembre à mars, le pays du Soleil-Levant offre une ambiance bien singulière accompagnée d’une myriade d’activités. Skiez à travers des décors enchanteurs, relaxez-vous dans un bain onsen, dégustez un bon ramen au restaurant, avant de passer une nuit dans un ryokan, célébrez le Nouvel An, retrouvez votre âme d’enfant aux festivals de la neige ou encore profitez de la floraison éclatante d’autres essences d’arbres. À l’écart de l’agitation estivale, sous le ciel bleu et le froid revigorant, cette saison vous invite à poser un autre regard sur la destination. À contre-courant, vous y découvrirez un Japon plus intimiste et authentique, vous vous immergerez plus intensément encore dans une culture mêlant une poésie et un raffinement uniques. Loin des clichés, l’hiver japonais vous réserve des surprises insoupçonnées…
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Où aller au Japon en hiver ?
Au cœur des plus beaux paysages enneigés
Quand l’hiver s’installe, vers la mi-décembre, le froid envahie tout le Japon. Bien qu’il neige rarement dans la plupart des grandes villes, leurs montagnes voisines, tel l’emblématique mont Fuji (3 776 m), et les régions du nord du pays, sont régulièrement enfouies sous un épais manteau de poudreuse. Les paysages deviennent alors féeriques, entre sommets enneigés et lacs gelés, comme dans le parc national de Bandai-Asahi. Situé dans la région de Tohoku, il s’agit du deuxième plus grand parc japonais au regard de sa surface terrestre (1870 km²), s’étendant depuis les montagnes Dewa Sanzan au nord, jusqu’au lac Inawashiro et au mont Bandai au sud, en passant par le lac Hibara.
Plus au sud, aux limites du parc national de Nikko, à l’emplacement de l’ancienne villa impériale de Nasu, se trouve la forêt Nasu Heisei-no-Mori. Ce petit plateau escarpé de 560 hectares est en réalité constitué d’un groupe de volcans éteints et abrite de nombreux hêtres japonais, certaines des plus belles sources chaudes nippones, ainsi que de superbes cascades emprisonnées dans la glace en hiver, telles les chutes de Komadome.
Quant à l’île d’Hokkaido, la plus septentrionale de l’archipel nippon, elle est réputée pour ses somptueux panoramas et grands domaines skiables. En son centre, le parc national de Daisetsuzan, le plus grand du pays et, l’un des plus vieux, fondé en 1934, offre 2 268 km² de nature indomptée, une dizaine de volcans (tel le mont Asahi-dake encore actif), des canyons profonds, de la toundra, des fumerolles, lacs et cascades brumeuses (Ryusei et Ginga). En hiver, ses grandes montagnes sacrées, culminant à plus de 2000 m, surnommées le « domaine des dieux » par le peuple autochtone des Aïnous, sont l’une des premières zones du Japon à recevoir de la neige en abondance, dès le mois de novembre jusqu’à début mai.
Autres éléments significatifs du paysage, lors d’un voyage au japon en hiver : la myriade de villages nichés au creux des vallées, un peu partout sur le territoire. Parmi les plus pittoresques, les villages de Shirakawa-go et Gokayama, au pied du mont Hakusan, dans la préfecture de Gifu, au centre d’Honshu. Classées par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité, leurs maisons en bois traditionnelles sont célèbres pour leur architecture séculaire de style gasshô-zukuri : leurs toits de chaume très inclinés sont capables de supporter le poids des fortes chutes de neige. En hiver, ces hameaux sont particulièrement photogéniques, lorsque la lumière chaude s’échappe des soji, les panneaux coulissants des maisons, et se diffuse lentement dans le paysage immaculé : on se croirait presque en Alsace. Pour retrouver ce même décor de conte de fée, au nord d’Honshu, rendez-vous dans l’ancien village postal d’Ouchi-juku, au cœur de la préfecture de Fukushima. Représentatives de l’ère Edo, ses habitations, aux toits de chaume et murs dokabe (de sable, de boue, de paille de riz), ont plus de 300 ans et permettent de se plonger dans le Japon d’antan. Pour le visiter, n’hésitez pas à embarquer sur le petit train qui le traverse.
La neige, tout un symbole dans la culture japonaiseEn japonais, le mot « neige » se prononce « yuki » et a plusieurs étymologies. Il est composé du kanji qui désigne la neige, puis au-dessus, de la clé de la pluie et en-dessous, une clé moins courante, qui signifie « comète » mais qui pourrait avoir aussi le sens de balai « hôki ». Ainsi, autrefois, les Japonais voyaient la neige comme une pluie qui se balaie. Le ménage est aussi perçu comme un acte purificateur avec la neige qui blanchit le monde, le yu signifiant « pure » et le ki « l’innocence ». Par ailleurs, on dit qu’au Japon, une forte neige est le signe d’une année de récoltes fructueuses : « Yuki ha hounen no shirushi ». Au Japon, où la vénération de la nature est profondément ancrée dans les traditions, la neige est associée à des pouvoirs mystérieux, et bien représentée sur les estampes japonaises. De nombreux rituels shintoïstes sont organisés dans tout le pays pendant la saison des neiges, comme l'Omiwatari au lac Suwa dans la préfecture de Nagano. Certaines années, des crêtes dentelées de plusieurs dizaines de centimètres de haut se forment dans la glace, et sont interprétées comme la traversée du lac gelé par une divinité locale. La neige est aussi évoquée dans un vieux conte populaire, le Yuki-onna ou « la femme des neiges ». Il raconte l’histoire d’une femme très belle qui apparaît en temps de neige et dont le héros tombe amoureux. Dans toutes les versions de ce conte, elle finit toujours par disparaître, dans des circonstances diverses... Elle est souvent cruelle et peut tuer, incarnant l’aspect impitoyable de l’hiver dont on peut y voir une personnification. Comme dans le reste du monde, les Japonais, petits et grands, aiment également construire des bonhommes de neige, appelés yukidaruma. Datant du début du XIXe siècle, ces bonhommes sont généralement faits de deux boules, contrairement aux trois habituelles ailleurs. Pour percer tous les secrets de la neige, ne manquez pas la visite du musée de la neige et de la glace Nakaya Ukichiro, dans la préfecture d'Ishikawa. Natif de Kaga, ce physicien glaciologue est le premier homme au monde à avoir réussi à créer en 1936 de la neige artificielle. Il démontra aussi qu'il est possible de déduire les conditions météorologiques dans l'air supérieur en observant la morphologie des cristaux de neige au sol, ce qui lui inspira une bien jolie formule : « La neige est une lettre envoyée du ciel ». |
Dans les grandes villes de Tokyo et Kyoto, à visiter loin des foules
Voyager au Japon en hiver, c’est aussi partir à la découverte des grandes villes du pays et de leurs sites incontournables qui, à cette période de l’année, sont beaucoup moins fréquentés. Laissez-vous surprendre par la destination de Tokyo et ses quartiers méconnus, comme celui de Jiyugaoka, très cosmopolite. Dans le quartier de Minato, retrouvez les buildings vertigineux et la célèbre Tokyo Tower, qui s’illumine le soir. Flânez au Mori Art Museum, un musée d’art contemporain qui offre une très jolie vue sur toute la ville. Si vous êtes à la recherche d’un peu plus d’authenticité, rendez-vous au Zojo-ji, un temple bouddhiste qui dénote avec les buildings en arrière-plan. Par ailleurs, l’hiver se révèle être une des plus belles saisons pour contempler, par temps clair, le mont Fuji nappé de neige depuis les nombreux observatoires (Tokyo Tower, Tokyo Skytree, Mori Tower, mont Takao…) et restaurants en rooftop de la capitale.
Au sud-est d’Honshu, visitez Kyoto, l’ancienne capitale impériale. Ses temples bouddhistes et sanctuaires shintos se parent d’un manteau blanc. Le Kinkaku-ji, célèbre Pavillon d'Or, est particulièrement resplendissant en hiver. Son reflet doré se mire dans l'étang gelé, produisant un contraste saisissant avec la blancheur alentour. Le temple Ryoan-ji et son jardin de pierre prennent également une dimension mystique sous la neige, invitant à la contemplation et à la méditation. Enfin, dans les quartiers de Gion et Higashiyama, c’est aussi l’occasion de capturer de magnifiques clichés des ruelles pavées et leurs machiya (maisons en bois traditionnelles) recouvertes de neige, loin de l’effervescence de l’été.
D’autres villes recèlent de points d’intérêt en hiver telles : Nagano avec l’un des plus célèbres temples japonais, le Zenko-ji qui, sous la neige, revêt une allure exceptionnelle ; ou encore la ville de Nigiita, qui abrite le très joli musée des Cultures du Nord, ode à l’esthétisme japonais et à un art de vivre d’une autre époque.
Vivre des expériences vivifiantes et insolites
Imaginez dévaler des pistes de ski, ou même des volcans… à l’autre bout du monde ! Avec 72% de montagnes recouvrant le territoire, 8 à 15 m de neige par an en moyenne, et 500 stations de ski, le Japon en hiver est un paradis pour les amateurs de ski, que vous soyez débutant ou confirmé. Ce n’est donc pas par hasard que ce pays, qui a plus de cent ans de culture de ski à son actif, a été choisi deux fois pour organiser les Jeux Olympiques d’hiver. Sur l’île principale d’Honshu, au cœur des Alpes japonaises, vous bénéficierez de beaux domaines skiables très bien aménagés comme : la célèbre Nagano, facile d’accès et prisée des Tokyoïtes ; la très huppée Karuizawa ; la vallée d’Hakuba et ses 10 stations de ski ; ou encore Nozawa Onsen, ancienne ville thermale paisible devenue une station de ski de renommée internationale.
Le Japon peut aussi se targuer d’accueillir une poudreuse d’une qualité exceptionnelle dont raffolent les skieurs et snowboardeurs du monde entier (australiens et chinois en tête). Sur l’île d’Hokkaido, à Niseko, capitale de la poudreuse, la « Japow » (neige poudreuse), surnommée ainsi par les étrangers, est particulièrement abondante, en particulier aux mois de janvier et février. Le climat subarctique de cette région, bordée par la banquise de la mer d’Okhotsk et subissant les vents glacials de Sibérie, permet aux cristaux de neige de tomber sous forme de flocons secs donnant une neige poudreuse extrêmement légère.
Si le ski ou le snowboard ne vous bottent pas plus que ça, il existe bien d’autres activités et sports d’hiver à tester tout aussi riches en sensations : une partie de pêche sur glace sur un lac gelé, une randonnée à raquette avec un guide local autour des étangs de Goshikinuma, ou même une virée en fatbike sur les pentes enneigées de Nasu.
Sans oublier l’observation de phénomènes naturels et d’une faune sauvage endémique tels : les « Shibuki-gori », des sculptures de glace qui se forment sur la végétation au bord du lac Inawashiro ; la migration depuis la Sibérie des tanchô, les grues dansantes (symboles de longévité) dans le village de Tsurui ou des cygnes chanteurs sur les lacs gelés Kussharo et Mashu.
Le spectacle le plus amusant sera sans doute celui des macaques japonais, ou singes des neiges, en train de barboter en famille dans les eaux chaudes des onsen de Jigokudani, dans la région de Nagano.
Mais ces primates ne sont pas les seuls à se régaler des sources chaudes au Japon… Les homos sapiens sont aussi très friands de cette activité. Chauffées naturellement par les sources volcaniques, les onsen sont si nombreux sur le territoire qu’ils ont donné naissance à de véritables stations thermales comme Ginzan Onsen, qui a inspiré Miyazaki dans la création de son chef d’œuvre « Le Voyage de Chihiro », Hakuba Happo, ou Noboribetsu, et sa vallée de l'enfer, lieu d'une intense activité géothermique. Si ces sources thermales s’apprécient bien sûr tout au long de l’année, c’est en hiver que vous savourerez encore plus ce moment de relaxation, en fin d’après-midi, après une bonne journée dans le froid. Le contraste entre la chaleur de l’eau (entre 35°C et 42°C) et la fraîcheur de l’air, les paysages enneigés tout autour, vous promettent une expérience unique et magique.
Partir à cette saison au Japon vous permettra aussi de bénéficier d’un choix plus large d’hébergements, ceux-ci étant moins fréquentés en hiver. Outre les hôtels classiques, vous aurez l’occasion de passer la nuit dans un ryokan, un type d’auberge traditionnelle qui existe au Japon depuis le VIIIe siècle. En toute immersion, avec des hôtes aux petits soins, vous profiterez de l'omotenashi, l’art de l’hospitalité à la japonaise. Le cadre qu’il soit typique ou plus contemporain est caractérisé par un ensemble d’éléments communs : un sol en tatami, des futons, souvent des bains privés (en extérieur parfois), un somptueux dîner fait maison kaiseki ryori composé de plusieurs plats et cuisiné à partir d'ingrédients locaux de saison, ainsi qu’un petit-déjeuner traditionnel. Ne soyez pas surpris de devoir respecter à l’intérieur de ces lieux quelques règles de bienséance comme enlever ses chaussures, porter des sandales geta ou zoriun, se vêtir d’un yukata (kimono d’été), se laver avant de rentrer dans l’onsen. Enfin, les amoureux de la nature auront aussi l’occasion de dormir dans un van aménagé (avec un petit système de chauffage la nuit), de camping en glamping.
Enfin, impossible de voyager au Japon sans la découverte de sa gastronomie savoureuse et sa kyrielle de spécialités culinaires qui varient selon les saisons et les régions. En hiver, dans les restaurants des grandes villes, les marchés locaux, voire sous un igloo, vous goûterez ainsi aux fruits de mer (huîtres kaki, crabes, oursins pêchés au large d'Hokkaido) et à des plats mijotés réconfortants : de délicieux ramens ; les meilleurs gyozas du Japon à Utsunomiya ; le généreux nabemono (la fondue japonaise) ; l’osechi ryôri, présenté dans des jûbako, boîtes à repas compartimentées et qui se mange sur plusieurs jours à la période du Nouvel An ; ou l’oden, originaire du Kanto (région de Tokyo), une soupe pot-au-feu composée de radis daikon, d'œufs durs mijotés dans un bouillon d’algues dashi, de gâteaux de poissons et d’autres ingrédients. En principe, après ce genre de repas, il est de coutume de finir sa soirée dans un izakaya, pour prendre un verre.
Célébrer le Japon en hiver en quelques dates clés
Les fêtes de fin décembre et le Nouvel An japonais
Par rapport à celles de nos contrées occidentales, au Japon, on célèbre de façon différente les fêtes de fin d’année. Les Japonais honorent tout d’abord l’entrée dans la saison hivernale le 21 décembre avec Toji, le solstice d’hiver et le traditionnel bain au yuzu (agrume de l’est de l’Asie) afin de repousser les mauvais présages et se protéger des maladies. Puis, vient Nöel, qui dans la culture japonaise, est plutôt une fête purement commerciale à vivre dans l’intimité du couple à l’image de la Saint-Valentin, ou en se baladant à travers quelques marchés. Mais comme la majorité de la population est shintoïste ou bouddhiste, l’engouement autour du 25 décembre (non férié) et de toute cette période en général n’existe pas.
En revanche, les Japonais célèbrent religieusement et en famille l’Oshôgatsu, le Nouvel An japonais qui s’étend du 29 décembre au 3 janvier. Bien que beaucoup de musées, de restaurants ou de boutiques soient fermés, vous pouvez profiter d’une belle ambiance spirituelle dans les temples et sanctuaires, qui deviennent alors de véritables lieux de vie et qui accueillent des stands de nourriture de rue. Lors du réveillon du 31 décembre (l’omisoka), après avoir nettoyé leurs maisons, secoué les tatamis, remplacé les objets cassés, payé leurs dettes, les familles sirotent le toso (un saké épicé), garant de bonne santé. Puis, ils partent écouter, au lieu des 12 coups de minuit, les 108 coups frappés sur la cloche du temple, censés dissiper les 108 passions ou souillures et appeler la nouvelle année.
Le 1er janvier, ils se lèvent aux aurores pour admirer le lever de soleil, symbole du bonheur, cherchant le plus beau spot en hauteur pour apercevoir le premier rayon de l’astre. Cette période se prolonge avec l’hatsumode, la première visite au sanctuaire de l’année rythmée par les processions et prières. C’est aussi le moment où chacun cherche à tester sa chance en tirant un omikuji (prédiction divine) ou en achetant des fukubukuro (sacs de chance) dans les boutiques et centres commerciaux. Le 2 janvier, l'Empereur du Japon présente alors ses vœux au peuple du haut du balcon du Kokyo, le palais impérial à Tokyo.
Les festivals d'hiver aux mois de janvier et février
On associe souvent les festivals japonais à la saison estivale. Or, ces matsuri sont organisés tout au long de l’année, notamment en hiver où le calendrier est ponctué de temps forts et d’évènements, accessibles aux locaux comme aux voyageurs de passage. Une bonne occasion de s’immerger dans l’ambiance festive et la culture japonaise.
Le deuxième lundi de janvier, par exemple, les rues des villes se colorent en hommage au Seijin no Hi, le jour de l’accès à la majorité. Pendant ce jour férié, d’innombrables jeunes Japonais de 20 ans se vêtissent de somptueux kimonos pour assister au Seijin shiki, la cérémonie de la majorité.
Du 2e au 4e dimanche de janvier, c’est le tout premier tournoi de sumo de l’année à Tokyo. Durant deux semaines, les combats ont lieu chaque jour du matin jusqu’en fin d’après-midi, avec les meilleurs lutteurs qui s’affrontent entre 16h et 18h.
Du 9 au 11 janvier, l’ouest du Japon (Osaka, Kyoto, Hiroshima, Fukuoka) est en liesse avec le festival Toka Ebisu, honorant l’anniversaire d’Ebisu, la divinité des marchands et de la prospérité. Similaire aux foires Tori no Ichi qui se tiennent à plusieurs reprises en novembre, on y vient acheter des kumade, des râteaux décoratifs permettant de ratisser la chance durant l’année à venir.
Au 4e samedi de janvier, c’est la fête du Yamayaki (ou fête du feu de l’herbe) à Nara. Un brasier d’herbes est allumé par les moines bouddhistes au pied du mont Wakakusayama et embrase toute la colline avec de nombreux hanabi, des feux d’artifice tirés juste après la tombée de la nuit. Les flammes sont si hautes et si vives qu'on peut les voir un peu partout en ville et même depuis l'ancien palais Heijo. Bien sûr, cette cérémonie est maîtrisée par les autorités locales et les pompiers.
Les 2 et 3 février, les Japonais chassent les démons dans les temples et sanctuaires pour le Setsubun, la fête de l’arrivée du printemps. De nombreux lieux s’animent et proposent des lancers de graines de soja grillées afin de porter bonheur aux visiteurs.
Dès la première semaine de février, ce sont les tant attendus festivals de la neige, ou yuki matsuri, qui débutent. Le plus célèbre se tient à Sapporo sur l’île d’Hokkaido, avec près de 200 sculptures de neige et de glace disposées à différents endroits de la ville et à admirer de jour comme de nuit. Entre reproductions de personnages ou de monuments connus, l’ambiance y est féérique. Il existe des dizaines d’autres festivals de ce type dans la région du Tohoku, dans les préfectures de Niigata, Gunma et Nagano, ou encore à Hirosaki où a lieu le festival des lanternes de neige du château d'Hirosaki. Des rangées d'environ 150 lanternes de neige et autres sculptures illuminent doucement le château recouvert de neige, offrant un spectacle magique.
Les plus belles illuminations d'hiver au Japon
Qui dit festivités d’hiver, dit guirlandes lumineuses ! Au cœur de l’hiver, la nuit tombe autour de 16h30 selon les régions. Les rues des grandes villes de l’archipel se parent alors de mille feux. Et certains endroits disposent de belles installations, comme au Arashiyama Hanatôro à Kyoto en décembre, dans la Subzero Forest à Takayama, ou autour du lac Sagami dans la préfecture de Kanagawa. Sinon, pour en prendre (encore plus) plein les yeux, filez au Kobe Luminarie, le festival des lumières de Kobe à partir de la mi-janvier, ou à l’Otaru Snow Light Path, le festival neige et lumière d'Otaru sur Hokkaido, en février. Entre murs géants de LED multicolores ou bougies flottantes sur le canal, leur scénographie toute en lumière y sont fantastiques.
Admirer la floraison des pruniers aussi bucolique que celle des cerisiers
En matière de saison au Japon, on évoque souvent le printemps des sakuras, les cerisiers en fleur, ou encore les envolées chatoyantes des momiji (érables) et des ginkgos, pendant l’automne. Mais saviez-vous qu’à la fin de l’hiver, la nature japonaise est marquée par une autre floraison ? Il s’agit du hanami d’hiver. Après leur hibernation hivernale, le ume, fleurs de pruniers (ou abricotiers du Japon), éclosent de mi-février à mi-mars. Originaires de Chine, ces arbres de diverses variétés ont été importés au Japon il y a 1500 ans. Leurs fleurs vont des teintes blanches à rose pâle en passant par le fuchsia ou le violet, et ont une senteur beaucoup plus prononcée que les sakuras. Pour les apercevoir, rendez-vous dans la ville de Tokyo. De nombreux spots (Sumida Park, Yushima Tenjin, Hanegi Park…) offrent une atmosphère onirique colorée et quelques festivals, comme celui de Mito, dans le somptueux jardin Kairakuen, mettent particulièrement bien en valeur ces merveilles. Célébrant en beauté le doux retour du printemps, beaucoup de Japonais flânent dans les allées des parcs ou s’installent au pied des arbres, encore bien emmitouflés dans leurs manteaux et écharpes, déballent bentos et thermos de thé, pour profiter du parfum embaumant des fleurs et des rayons du soleil chassant les frimas de l’hiver. En outre, à cette période de l’année, vous pourrez également observer la floraison des kawazu-zakura, les fleurs de cerisiers précoces, surtout à l’est du pays, à Kawazu, ainsi que les camélias en fleurs et les choux colorés.
Comment se déroule l’hiver au Japon côté températures ?
L’hiver au Japon est plus long et rigoureux au nord du pays, pouvant s’étendre de novembre à avril. Le vent qui souffle et un courant froid, l’oyashio, provenant de la Sibérie orientale, apportent un climat froid et humide (de -6° C à -15°C par endroit), et de fortes chutes de neige, en particulier sur les reliefs montagneux de l’île d’Hokkaido et dans les Alpes japonaises. Équipez-vous chaudement (manteau, gants, bonnet, plusieurs couches) si vous comptez skier ou vous balader aux festivals de la neige dans ces régions. Dans les plaines, à Tokyo, ou dans le Kansai (Kyoto, Osaka), le temps est plus chaud et sec avec un mercure allant de 0°C à 15°C. Vous pourrez profiter du matin jusqu’à l’après-midi d’un beau soleil d’hiver. En revanche, si vous partez davantage au sud, sur les îles d’Okinawa, il n’est pas question de neige, ni de froid, le climat y est subtropical, et la température ambiante avoisine les 15°C à 20°C.
Comment se chauffent les Japonais en hiver ?
Pour pallier le manque d’isolation et l’absence de chauffage central (comblé par des climatiseurs réversibles) dans leurs habitations, les Japonais ont développé quelques systèmes astucieux pour affronter le froid en hiver. L’un des plus traditionnels est l’irori, que vous aurez peut-être la chance d’apercevoir si vous passez la nuit dans un ryokan ancien. À l’image de nos cheminées, ce carré, construit en-dessous du niveau de la maison, servait à faire du feu, pour chauffer autant que pour préparer le repas. Une grande tige de métal supportant les marmites est suspendue au plafond jusqu’au-dessus du feu.
Autre installation plus contemporaine, le kotatsu est encore utilisé en hiver dans les appartements nippons. Il s’agit d’une table basse sous laquelle a été fixé un petit chauffage électrique, dotée d’un plateau amovible que l’on recouvre d’une couette. Ainsi, il n’y a plus qu’à glisser ses jambes dessous pour se réchauffer. Plus qu’un simple chauffage, le kotatsu est l’endroit où la famille se retrouve pour manger, lire, échanger.
Quant au froid extérieur, les Japonais s’en prémunissent en utilisant des chaufferettes jetables et patchs chauffants, connus sous le nom de kairo, dont il existe tout un éventail de formes et de tailles dans les supérettes et pharmacies. Ils tirent leurs origines des époques de Heian (794-1185) et d’Edo (1603-1868), où les gens faisaient chauffer de petites pierres dans leur âtre et les enveloppaient dans de la ouate ou du tissu de soie pour les porter sur eux pendant leur déplacement.