Aux confins de l’Atlantique Nord, au pays de glace et de feu, la nature et les dieux semblent être en guerre. Glaciers imposants, volcans impétueux, grottes et champs de lave fumants, torrents et sources chaudes, hautes montagnes, falaises ou encore canyons abyssaux… été comme hiver, les paysages en Islande ont quelque chose d’irréel, de puissant, d’époustouflant ! Lors d’un trek ou d’une randonnée, d’un road trip en van ou en 4x4, du sud incontournable aux hautes terres mystérieuses, en passant par le nord, on vous emmène fouler ces décors de fin du monde étonnamment vivants.
1. Le rift du parc national de Þingvellir
Tout voyage en Islande débute forcément par ce magnifique décor naturel, où ont été tournés quelques épisodes de la série Game of Thrones. Incontournable du Cercle d’or, situé à 40 km au nord-est de Reykjavík, le parc national de Þingvellir abrite des paysages d’une géologie remarquable. C’est l’un des seuls endroits sur Terre (avec la vallée du Grand Rift africain), où l’on peut observer à l’œil nu la dorsale médio-atlantique encore à l’œuvre : un immense fossé qui entaille la surface de l’Islande du nord au sud et qui sépare les plaques tectoniques d’Amérique du Nord et d’Eurasie. À cela s’ajoutent de nombreuses autres failles et falaises escarpées aux murs de basalte de 30 m de haut, sculptant des gorges tellement larges pour certaines qu’il est possible d’y cheminer à l’intérieur. L’expérience est d’autant plus sublimée par la présence du lac Þingvallavatn, le plus grand de l’île entouré de sommets de 1 000 m d’altitude. Þingvellir est aussi un site historique majeur des plus inspirants, classé au patrimoine mondial par l’Unesco. Au Xe siècle, les Vikings installèrent, dans ce vaste champ de lave et de roches, l’Althingi, la première assemblée démocratique, soit le plus ancien parlement au monde.
2. La zone géothermique de Geysir
« Geysir » qui signifie « jaillir » en français est à l’origine du terme « geyser ». Deuxième immanquable du circuit du Cercle d’or, dans la vallée d’Haukadalur, ce champ géothermique de 3 km² vaut sans nul doute le détour. Il regroupe une trentaine de sources chaudes, de mares de silice bouillonnantes grises et beiges et… deux geysers qui jaillissent à plusieurs mètres de hauteur, telles des cocottes-minutes. Si le premier, le Grand Geysir, ne surgit que deux ou trois fois par jour de façon imprévisible, le plus actif, Strokkur, situé à 100 m, assure le spectacle toute la journée. Il projette de l’eau toutes les 5 à 10 minutes, sur 15 à 30 m de haut, pour se dissiper en une fumée blanche qui s’envole avec le vent. Juste avant d’exploser sous un bruit tonitruant, une bulle bleu turquoise hypnotisante apparait au sommet de la colonne d'eau : il s’agit du seul geyser au monde à présenter cette caractéristique.
3. Les sources chaudes du Blue Lagoon
Paysage en Islande extraordinaire situé sur la péninsule de Reykjanes, le Blue Lagoon est pourtant un site artificiel. Formé en 1976 à partir du surplus des eaux de captage de la centrale géothermique de Svartsengi juste à côté, ce lac est le fruit d’un accident environnemental heureux. Ses eaux puisées dans le sol islandais sont naturellement chargées en sels minéraux, en silice et en algues marines, ce qui leur donne cette couleur bleu turquoise laiteuse et permet de soigner les maladies de la peau (psoriasis, eczéma…). Cités comme l’une des 25 merveilles du monde par National Geographic, ces bains d’eau chaude sont devenus une référence aussi bien pour les locaux que les voyageurs de passage. On s’y prélasse, la tête au grand air, toute l’année, sous le soleil de minuit ou la voie lactée, dans des eaux entre 36° et 40°C. Et pour un bain encore plus près de la nature, l’Islande regorge de rivières chaudes semi-aménagées, comme celles de Landmannalaugar ou de Reykjadalur.
4. La cascade de Seljalandsfoss
Ce n’est pas pour rien qu’on surnomme l’Islande le « pays aux 10 000 cascades » tant elles sont nombreuses et pour la plupart facilement accessibles, lors de petites randonnées. Au sud de l’île, rejoignable depuis la route 1, celle de Seljalandsfoss est particulièrement impressionnante. Elle provient du célèbre volcan Eyjafjallajökull qui à la fonte des neiges produit la rivière Seljalandsá se jetant du haut d'un verdoyant plateau à 60 m d'altitude. Elle est aussi connue comme l’une des rares chutes où l’on peut passer derrière son rideau. Ses contrastes de lumière et de couleurs la rendent très photogénique avec le vert vif de l’herbe et le bleu de l’eau. Comme sa voisine Skógafoss, déversant ses flots rugissants de plus de 60 m de haut sur 25 de large, il n’est pas rare de voir se former un arc-en-ciel juste au-dessus de la chute. D’autres cascades valent le coup d’œil comme Gullfoss faisant partie du Cercle d’or, et celles du canyon de Sigöldugljúfur se jetant magistralement dans un ravin. Plus à l’est, les chutes de Morsárfoss (la plus haute du pays avec ses 227 m !) et de Svartifoss, dans le parc national de Skaftafell, avec ses orgues de basalte hexagonales, ou encore celle d’Hengifoss et ses strates de roche d’argile rouge, sont toutes aussi splendides.
5. La plage de Reynisfjara
Parmi les plus beaux paysages en Islande, figure la plage de Reynisfjara. Sur la côte sud, de l’autre côté de la montagne qui la sépare du village de Vík í Mýrdal, c’est l’une des plus belles du pays. Lieu de tournage de nombreux films et séries (Star Wars, Star Trek, Games of Thrones), cette grève est recouverte de sable et de galets noircis par la cendre volcanique provenant des multiples éruptions du volcan Katla, à proximité. Outre cette particularité géologique, le décor qui l’entoure est de toute beauté. À l’est, elle est bordée par d’énormes stacks de basalte géométriques et des reynisdrangars (surnommés les « Rochers des Trolls »), des aiguilles de lave qui émergent des flots, au pied de la falaise vertigineuse de Reynisfjall. À l’ouest, au coucher du soleil, l’horizon est sublime avec une vue imprenable sur l’arche de Dyrhólaey (site de niche des macareux en été), et les vagues qui viennent se fracasser sur les rochers. La brume de l’écume blanche, la noirceur du sol ainsi que le cri des mouettes et autres sternes arctiques qui percent le silence confèrent au lieu une ambiance mystique.
6. Le champ de lave d’Eldhraun
Le long de la route 1 entre Vík et Skaftafell, un drôle de paysage annonce le village de Kirkjubæjarklaustur. Un immense champ de lave vert bronze habillé d’une épaisse couche de lichen s’étend à perte de vue sur une dizaine de kilomètres. Eldhraun, qui signifie littéralement en français « désert de lave du feu », constitue la plus grande (double) coulée de lave islandaise d’une superficie de 565 km², créée lors de la redoutable éruption volcanique du Laki de 1783 à 1784. Depuis le magma s’est petit à petit refroidi et sous l’effet du climat plus doux dans la plaine littorale, la mousse a colonisé les roches façonnant ce panorama cabossé insolite. Quelques petits sentiers aménagés permettent d’observer cet écosystème de plus près, sans risque de tomber ou de le détériorer. Au nord, sur les rives du lac de Mývatn, le champ de lave de Dimmuborgir (ou « les châteaux sombres ») est tout aussi fascinant avec ses grands blocs, cônes et cheminées, vieux de 2 300 ans, aux formes fantasmagoriques qui titillent l’imagination.
7. Le canyon de Fjaðrárgljúfur
On se croirait presque au cœur de la Comté, le pays des Hobbits inventé par l’écrivain J. R. R. Tolkien. Situé à la lisière d’Eldhraun et accessible par la route 206, ce canyon de 100 m de profondeur et de 1,3 km de long, forme un paysage en Islande fabuleux. Ses parois de basalte, qui s’élèvent majestueusement au-dessus des eaux tourbillonnantes de la rivière Fjaðrá, ont été sculptées par des millénaires d’érosion (9 000 ans pour être précis) et la fonte des glaces. Des sentiers sinueux serpentant sur les falaises offrent de très belles vues panoramiques sur le canyon, les deux cascades en amont et les prairies verdoyantes supérieures parsemées de mousse et de fleurs sauvages en été. Encore plus à l’est, même tableau époustouflant dans les imposants canyons de Múlagljúfur et Stuðlagil. Le premier renferme des formations rocheuses vertigineuses et deux splendides cascades : Hangandifoss (de 123 m de haut) et Múlafoss. Le second - mis à nu grâce à la construction de barrages visant à alimenter la centrale hydroélectrique de Kárahnjúkar et découvert en 2016 - dénote par ses colonnes basaltiques hexagonales surmontant la rivière Jökla au bleu turquoise.
8. Les montagnes de Landmannalaugar
Accessible uniquement en 4x4 ou à pied, entre juin et septembre, et niché au cœur des Hautes Terres d’Islande et la réserve naturelle de Fjallabak, ce massif est un véritable joyau. Encadré à l’ouest par le volcan Hekla (1 491 m), il se compose de pains de sucre rhyolitiques multicolores, de champs de lave obsidienne déchiquetés et de rivières aux sources chaudes. La palette de couleurs y est éblouissante allant du rouge intense au jaune éclatant, en passant par le vert, le bleu, le noir ou encore le blanc de la neige. De-ci de-là, des moutons errent librement dans les pâturages piquetés de fleurs sauvages, avec en toile de fond, pas moins de six glaciers. Pour s’immerger dans cet univers lunaire, rien de mieux qu’un trek de 5 jours, avec nuits en refuge ou sous tente, sur le mythique Laugavegur jusqu’à Þórsmörk. Des randonnées à la journée sont également possibles, telle l’ascension des sommets Bláhnúkur et Brennisteinsalda ou sur l’envoutant plateau d’Hrafntinnusker, surplombé par l’imposant stratovolcan de Torfajökull. Sinon, pour un cadre tout aussi grandiose, direction le bord de mer où se dressent deux montagnes spectaculaires : Kirkjufell, sur la péninsule de Snæfellsnes, avec sa forme pyramidale et ses cascades, ou Vestrahorn, sur la côte sud-est, et ses falaises abruptes plongeant sur une splendide plage de sable d’un noir profond.
9. La lagune glaciaire de Jökulsárlón
Dans le sud du pays, au pied du Vatnajökull, le plus grand glacier d’Europe (aussi vaste que l’Ombrie !), ce paysage en Islande est féérique. Une multitude de petits icebergs bleutés, ciselés par le temps, se déplacent au ralenti sur les eaux sombres du lagon Jökulsárlón. Ils finissent leur course languissante dans l’océan Atlantique tout proche, ou s’échouent, au gré des marais, sur la grande plage de sable noir de Diamond Beach. Et dans ce royaume semblant endormi, scintillant au soleil… la vie ! Les poissons abondent, les phoques curieux pointent le bout de leurs vibrisses, les petits pingouins tordas chaloupent, les sternes arctiques, goélands, fulmars et grands labbes planent avec panache. Pour profiter de ce spectacle, on a le choix entre une randonnée sur les rives, une sortie en kayak ou même en véhicule amphibie. Autres alternatives toutes aussi givrées : le lagon de Fjallsárlón moins fréquenté, ou encore les belles langues glaciaires de Sólheimajökull, Skaftafellsjökull et Svínafellsjökull.
10. Le fjord de Seyðisfjörður et compagnie
Plutôt qu’un voyage en Norvège, le pays des fjords par excellence, partir en Islande permet également d’en voir de très beaux. La destination en compte une ribambelle comme ceux à l’est du pays : Seyðisfjörður, Mjóifjörður, Loðmundarfjörður, Reyðarfjörður, Eskifjörður, Fáskrúðsfjörður, Berufjörður… Entre falaises abruptes, silhouettes dentelées des sommets, fonds de vallées verdoyantes et eaux d’un bleu profond, un trek ou une randonnée autour de ces fjords promet des points de vue grandioses. En allant vers le charmant village de pêcheurs de Bakkagerði, on peut observer les macareux moines en train de nicher ou contempler les splendides montagnes rhyolitiques de Breiðavík, baignées par l’océan. Au nord, le long de l'Arctic Coast Way, une route ouverte en 2019 encore peu fréquentée, ponctuée de mystiques falaises en basalte et de plages de galets, on peut découvrir les deux plus grands fjords d'Islande : Eyjafjörður et Skagafjörður, séparés par le très beau col d’Öxnadalsheiði. Tandis qu’à l’ouest, sur la route 61, l’Ísafjarðardjúp est une succession de 10 fjords et baies qui s’étalent à perte de vue sur 120 km, au sud de la réserve naturelle d’Hornstrandir.
11. La caldeira de Krafla
Système volcanique le plus actif du nord de l’Islande, le Krafla n’est pourtant pas identifiable au premier coup d’œil. Vieux de 100 000 ans, il dissimule sa chambre magmatique, à seulement 2 km de profondeur, sous une grande caldeira de 10 km de diamètre. À l’intérieur, il renferme le cratère Víti et son splendide lac bleu turquoise aux eaux siliceuses (appelé maar), et les champs de lave encore chauds du volcan Leirhnjúkur aux émanations malodorantes de soufre. Conséquence directe de l’activité du Krafla, la région de Mývatn et son lac éponyme, située un peu plus au sud, abrite aussi de multiples phénomènes tels le cratère de Hverfjall au noir profond, de 2 km de diamètre et 250 m de haut, des marmites de boue bouillonnante ou encore les pseudos-cratères de Skútustadir recouverts de mousse qui créent l’illusion sans aucune cheminée de lave en-dessous. Tous ces paysages en Islande, presque apocalyptiques, promettent de belles randonnées hors des sentiers battus et un voyage au plus près des volcans magique.
12. La grotte de lave de Víðgelmir
Qui n’a jamais rêvé de marcher dans les pas de Jules Verne… dans les entrailles de la Terre ? C’est bien ce qu’offre comme expérience, la grotte de Víðgelmir. Celle-ci est située à l’orée des Hautes Terres, sous le vaste champ de lave de Hallmundarhraun, à l’ouest du pays. Longue de 1580 m, il s’agit de la plus grande grotte d’Islande mais aussi l’un des plus grands tubes au monde formés par la lave il y a environ 1100 ans. Équipé d’un casque avec une lampe, et accompagné d’un guide, on pénètre dans ce tortueux boyau évidé par la coulée de lave provenant d’un volcan situé sous le glacier Langjökull. On emprunte un tunnel étroit menant à la chambre principale, puis à d’autres salles secondaires tout en admirant de nombreuses stalactites et stalagmites, ainsi que des glaçons aux magnifiques couleurs bleutées qui scintillent sous les lumières. En Islande, des grottes de glace sont également ouvertes à la visite, selon les conditions, comme celles de Katla dans le glacier Mýrdalsjökull, et de Svínafellsjökull dans le parc de Skaftafell, ou l’incroyable « grotte de cristal » de Jökulsárlón, à la glace bleu vif psychédélique.
À la chasse aux aurores boréales !Imaginez un voyage pour observer les aurores boréales… Formant un paysage en Islande éphémère, elles sont un ravissement pour les yeux et pour l’âme. D’octobre à mars, lorsque le ciel est dégagé, entre 18h et 3h du matin, ces faisceaux ondulants verts, bleus et jaunes, créés par des éruptions solaires, sont susceptibles d’apparaître partout où que l’on soit sur le territoire. Cependant, certains sites en particulier sont plus propices pour les apercevoir : la vallée de Reykholt et son spa Krauma dans lequel barboter tout en scrutant la voûte céleste ; le Cercle d’or et ses trois lieux emblématiques (Þingvellir, Gullfoss et Geysir) ; la région de Hvolsvöllur avec les grottes de glace de Sólheimajökull et les plages de sable noir de Vík ou encore la péninsule de Reykjanes, ses landes lunaires et côtes sauvages. N’oubliez surtout pas votre appareil photo ! |