Bonne nouvelle ! A la faveur de l’assouplissement récent des recommandations du Ministère des Affaires Etrangères en Algérie, Nomade Aventure retourne dans les régions du Hoggar et de l'Adrar dès cet hiver 2018/2019, plus de 8 ans après son dernier départ, en mai 2010. Et c'est plus que la simple (ré) ouverture d’une destination, c’est un retour aux origines ! Nomade Aventure est, quasiment "né" en Algérie en 1975 (voir "Les petites histoires d’une grande aventure"). Son nom même rappelle l’attachement aux peuples nomades comme ceux du Sahara. C'est aussi le pays natal du plus ancien des collaborateurs de l’agence, Lakhdar Khellaoui, et d'Issa Smatti, directeur du département Asie centrale-Monde Arabe.
Sandrine Mercier, rédactrice en chef du Magazine A/R, les a rencontrés, tout fraîchement rentrés du pays. Elle nous raconte…
"Revenir avec des voyageurs, c'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire à l'Algérie." Issa, rentrant tout juste d'un voyage dans le Sud algérien a pu constater combien les guides, les chameliers, les cuisiniers attendent avec impatience le retour des voyageurs français. Le tourisme d'aventure étant né chez Nomade dans ce désert, c'est donc un juste retour de remettre en lumière cette région et de l'aider à rebondir. Lakhdar, le guide touareg qui a participé à la création des circuits en 1982 se souvient "J'ai connu l'âge d’or où on ne trouvait plus un âne de bât à louer en haute saison. Pour sûr, je guiderai le premier trek avec nos voyageurs."
Dunes géantes, oasis secrètes et pitons volcaniques
Retourner aujourd'hui dans ce désert, c'est retrouver des paysages intacts. C'est découvrir les sommets du Hoggar avec ses pitons, ses grottes, ses oueds, les dunes du tassili des Ajjer ou les oasis du Gourara à Timimoun. En mode rando chamelière au rythme de l'animal ou en circuit découverte 4x4, les hommes bleus guident le groupe jusqu'au bivouac du soir, autour du feu de camp, pour déguster thé vert et taguella (galette cuite dans le sable) sous une pluie d'étoiles. Dans la journée, il est toujours surprenant de constater à quel point le désert n'est pas désert : "Dans le Hoggar, il y a les nomades touaregs qui vivent dans les campements, de l'élevage de chèvres et de dromadaires. Dans les ksours de l'Adrar, on rencontre des villageois, les Zénètes qui ont développé un système d'irrigation en passant sous les dunes, avec une gestion de l'eau, repartie en fonction de la classe sociale. Il y a aussi les Beni Hilal qui se déplacent dans le désert pour nourrir leurs troupeaux", détaille Issa qui connaît chaque recoin du territoire.
Sécurité renforcée…
Même si la zone n'est plus rouge, car le ministère des Affaires Etrangères Français a levé l'interdiction de se déplacer dans cette région à l'automne 2018, le désert algérien continue d'avoir mauvaise réputation. La zone devenue orange reste une zone de vigilance et les autorités algériennes ont donné de fortes garanties. Côté sécurité, elles ont mis le paquet comme l'ont constaté Issa et Lakhdar "L'armée est partout, des radars ont été déployés pour observer à 1 000 km à la ronde. La population locale est impliquée aussi. Quand un étranger arrive, il est tout de suite repéré pour savoir qui il est. Ils ont souffert sans touristes pendant près de 10 ans, ils sont devenus très vigilants." Le partenaire local de Nomade Aventure connaît bien la situation sur place, il envoie la liste des itinéraires et des clients aux autorités et tout l'encadrement reste attentif au bien-être des voyageurs.
Certes, le risque zéro n'existe pas mais il faut bien réaliser que la frontière libyenne est très loin, à plus de 1 000 km. N'oublions pas que le plus gros risque dans le désert est celui de se perdre. Ainsi tous les guides ont des GPS avec des téléphones portables qui fonctionnent partout. Alors que le Sud algérien s'ouvre à nouveau, qu'est ce qui peut encore freiner les voyages dans cette région ? "La difficulté d'obtenir des visas" avoue Issa mais il reste confiant "Ça va s'assouplir ! Côté transport aérien, pour l'instant, il n'y a pas de vols directs, il faut transiter par Alger." Quoi qu'il en soit, c'est le bon moment pour aller écouter les dunes chanter à nouveau.
On n'a pas peur de dire que c'est le plus beau désert !
La reprise des randos dans le Sud algérien tombe sous le sens, tant ce désert ne ressemble à aucun autre. Tant on peut imaginer des aventures mémorables. Cinq questions à Issa et Lakhdar.
En quoi ce désert est unique ?
Issa : On n'a pas peur de dire que c'est le plus beau ! Avec ses 1 900 000 km2, il a tout ce que représente le désert dans l'imaginaire. Les hauts plateaux du Hoggar, les dunes de Saoura et Gourara, des grottes, des oasis avec un système d'irrigation, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, des peintures rupestres, les Touaregs, des caravanes de chameaux... et encore beaucoup à défricher compte tenu de sa taille.
La plus belle vue ?
Lakhdar : Depuis la dune de Tin Merzouga. Au sommet à 200 m, on aperçoit des roches et du sable à perte de vue. Au coucher de soleil, tout devient rouge, les paysages s'embrasent. C'est unique !
Issa : Depuis l'Assekrem. Quand on grimpe à l'ermitage du père Charles de Foucauld, on a une vue unique à 360°. Au loin, on aperçoit le mont Tahat, le rouge de l'oseille se mélange aux lumières flamboyantes du coucher de soleil, c'est féerique. On a l'impression d'assister à la naissance du monde.
Un souvenir qui vous habite ?
Lakhdar : C'est une odeur qui me vient quand je ferme les yeux. Dans la région de Djanet, quand on monte sur le plateau avec ses 15 000 figurations rupestres et ses 135 cyprès vieux de 4 000 ans, uniques en Afrique, on trouve des plantes bleues comme la lavande et quand on les touche, elles dégagent des odeurs enivrantes qui me renvoient en enfance, à l'époque où je gardais les troupeaux de chèvres et de chameaux.
Issa : J'ai gardé un souvenir très fort de la fois où j'ai emmené mon fils Naïm dans la Tadrart dans le Tassili N'Ajjer. Tous les matins, il prenait son bâton pour courir sur les dunes entre des montagnes qui avaient la forme de champignons. Lui, le petit garçon qui grandissait dans la ville était devenu un véritable enfant du désert. Ce voyage nous a rapprochés.
Quels itinéraires vous proposez ?
Issa : nous avons créé quelques circuits dans le Sud algérien de 9, 10 et 15 jours : au nord de Timimoun (l'Adrar), zone de dunes et des oasis ; puis du côté de Tamanrasset, dans le Hoggar, zone très minérale.
Du côté de Timimoun (dernière frontière avant le grand désert de sable du Grand Erg Occidental), vous partirez tantôt à pied tantôt à dos de chameau, à la recherche de roses des sables et de forteresses abandonnées. Vous explorerez les ksours du Gourara, noyés dans un océan de dunes lors d'une randonnée chamelière. Vous déambulerez dans les jardins envoûtants des oasis du grand Sahara et vous flânerez dans les charmantes palmeraies de Tinerkouk… Là, vous découvrirez un système d'irrigation particulier (foggaras), inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.
Du côté de Tamanrasset, on vous emmène randonner dans des paysages de pitons rochers aux formes surréalistes. C'est toute la particularité du Tassili du Hoggar. A pied et en 4x4, vous explorerez le massif de l'Atakor, l'ermitage du père Charles de Foucauld dans l'Assekrem, les peintures rupestres dans les gorges de l'Immidir et pour les plus sportifs, vous ferez l'ascension du mont Tahat (2 908 m), le point culminant de l'Algérie.
A la nuit tombée, une vue incroyable sur la voûte céleste vous captivera. Vous vivrez des moments intenses autour d'un feu de camp lors des bivouacs en compagnie des Touaregs. Ils vous transmettront leur amour pour le Sahara, vous initieront à la cérémonie des 3 thés (le premier est amer comme la mort, le second est doux comme la vie et le dernier est sucré comme l'amour). Vous apprendrez, à leur côté, à contempler les étoiles, à écouter le silence comme ils disent… pour percevoir le bruit du feu qui crépite, celui du vent qui chante en caressant les dunes, celui du thé qui coule, celui du sable qui glisse entre vos mains et vos pieds, celui du chant du Moula-Moula, un fidèle compagnon des caravanes…
Un voyage dans ce désert est une véritable expérience que vous vivrez par tous vos sens. Vous aurez la sensation permanente de fouler des terres vierges, d'être dans des paysages sans cesse en mouvement. Tantôt c'est la lumière qui change la couleur du sable tantôt c'est le vent qui modifie la physionomie des dunes, peut-être attraperez-vous le virus du Sahara comme nous…
On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant, quelque chose rayonne en silence. Antoine de Saint Exupéry
La meilleure période pour y aller ?
Lakhdar : d'octobre à début avril, les températures sont douces dans la région du Gourara. C'est là où se situent les plus belles oasis. Vous en profiterez pleinement. Dans le Hoggar, à plus de 2 000 m d'altitude, vous pouvez randonner jusqu'à fin avril avec la fraîcheur du climat des montagnes.