« Napoléon est mort à Sainte-Hélène… » Qui n’a pas fredonné cette comptine du haut de ses trois pommes ? Et si Sainte-Hélène évoque à chacun l’empereur mythique des Français, qui saurait véritablement en parler ? La situer simplement ? Pascal Laparlière est de ces Hommes. Pour sillonner un des derniers cailloux isolés de notre globe tout en vous imprégnant d’une île chargée d’Histoire, c’est avec lui qu’il faut converser. Et avec Nomade Aventure qu’il faut vous envoler : c’est l’unique tour opérateur de l’Hexagone à proposer deux voyages sur l’île de Sainte-Hélène.
Portrait : qui est Pascal Laparlière ?
Passion : l'Histoire d'un lieu, les lieux de l'Histoire. Devise : “Impossible n'est pas français.” Napoléon |
Lassé de longues journées en tête-à-tête avec des machines, Pascal Laparlière décide à l’âge de 54 ans de délaisser le code informatique pour… le code civil !
Passionné d’Histoire et de voyage, et tout particulièrement de cette période charnière entre Révolution et Restauration durant laquelle va se construire l’Etat moderne, il prend la mer en 2011 depuis le Cap en Afrique du Sud pour cinq jours de Grande Bleue direction... l’île de Sainte-Hélène ! Et c’est la révélation. Flottant seule en plein Atlantique Sud, à mi-chemin entre Namibie et Brésil, Sainte-Hélène est une possession de la Compagnie des Indes Orientales, oubliée de tous. Pas étonnant qu’on y ait envoyé Napoléon en exil pour l’éloigner du monde pendant près de 6 ans. Pourtant, l’île est loin d’être le caillou sombre qui a fait ricochet dans l’inconscient collectif. Sainte-Hélène est belle, volcanique, luxuriante, et surtout véritablement conviviale.
Conquis par l’ambiance de ce morceau de terre de 122 km2, Pascal y effectue un long travail volontaire pour la Fondation Napoléon. C’est là qu’il se lie avec un personnage émérite de l’île, Michel Dancoisne-Martineau, consul et conservateur des Domaines Nationaux de Sainte-Hélène, propriétés françaises en terre britannique, et surtout seul Français à vivre sur l’île à l’année.
Si l’ultime demeure napoléonienne n’est pas aisée d’accès, un aéroport s’ouvre en 2017. Pascal y voit une opportunité de partager sa passion avec le plus grand nombre et crée une petite agence locale pour développer le tourisme sur l’île. Il y propose notamment quelques instants de vie exclusifs comme un dîner et une nuit au cœur même de Longwood. Entre Histoire, trekking, et authenticité de sa population métissée, Sainte-Hélène n’est pas à mourir d’ennui comme on a si longtemps voulu nous le faire croire… Ce serait plutôt voir Sainte-Hélène… et mourir…
5 QUESTIONS À PASCAL
Qu’est-ce qui vous plaît tant à Sainte-Hélène ?
« Le côté historique bien évidemment, le patrimoine lié à Napoléon qui donne l’impression de se promener dans un livre d’Histoire. Tout y est préservé, tout est resté en place. Les chemins, les maisons, chaque endroit est évocateur et renferme des anecdotes. Et l’île a servi de prison à des prisonniers Boers pendant la guerre anglo-boers autour de 1900, le chef Zoulou Dinizulu y a été fait prisonnier également, et il y a beaucoup de fortifications antérieures à Napoléon aussi. C’est très riche d’un point de vue historique. Et de l’autre, la nature est magnifique contrairement à ce que disaient Napoléon et ses compagnons. C’est une île tropicale alors que l’on s’imagine un rocher dans les nuages où il fait froid, à rester près de la cheminée. L’île possède des paysages très spectaculaires avec des falaises qui tombent dans la mer de 400 m de haut, on y voit des dauphins, des requins-baleines, des oiseaux de mer, des tortues... Il y a beaucoup d’endémisme sur l’île, aussi bien côté faune que côté flore. On la surnomme les Petites Galápagos de l’Atlantique. »
Et j’imagine qu’il y a une véritable authenticité qui émane de la population de l’île du fait que l’on soit sur une si petite terre avec peu de visiteurs étrangers…
« C’est la chose la plus difficile à communiquer mais l’île est extrêmement attachante grâce à sa population de 4500 habitants. Ce sont essentiellement des descendants d’esclaves ou d’expatriés anglais. C’est une population métissée et l’originalité est qu’il y a une convivialité entre chacun, sans doute parce qu’ils sont tous sur un bateau au milieu de l’Atlantique depuis des centaines d’années, pas individuellement mais collectivement (rires) ! Mais les gens vivent très vieux ! Tout le monde se dit bonjour, et même les voyageurs de passage ne sont pas anonymes après une semaine, les gens les reconnaissent, discutent avec eux… »
Quelles sont vos actions en faveur d’un voyage durable et engagé ?
« On essaye de bannir le plastique déjà, de ne pas avoir de bouteille d’eau qui coûte une fortune à faire venir d’Afrique du Sud ou d’Angleterre, alors que l’eau potable d’ici dans une gourde, c’est tout à fait suffisant. Et l’île étant anglaise, il faut savoir qu’elle est très tournée vers la conservation. Il y a une proportion de scientifiques par habitant qui est très importante : ils étudient aussi bien les oiseaux que les insectes en passant par les poissons… Il y a une grande conscience de l’environnement. Et malgré toutes les problématiques mondiales liées au plastique, l’île est relativement préservée. On trouve très peu de déchets sur les plages. »
Vos livres de chevet ?
« Bien sur il faut avoir lu Le Mémorial de Sainte-Hélène par le comte Emmanuel de Las Cases, qui a été écrit en partie sur place à partir de notes pendant l’exil de Napoléon et publié en 1823. Un chef-d’œuvre mais de propagande puisque la légende napoléonienne est née de ce livre, y compris l’image noire de Sainte-Hélène. Ensuite il y a celui de Jean-Paul Kauffmann, La chambre noire de Longwood, qui est formidable et qui donne une idée de l’ambiance à Sainte-Hélène. Et enfin un livre de Michel Dancoisne-Martineau qui a écrit Je suis le gardien du tombeau vide, dans lequel il raconte sa vie à Sainte-Hélène pendant 30 ans. On dit qu’il s’écrit un livre par jour depuis que Napoléon est mort… »
Un coup de cœur en particulier à Sainte-Hélène ?
« L’endroit de la tombe de Napoléon, qui se trouve au milieu de la forêt et qui est le pendant de la crypte des Invalides. Ça forme un cirque de végétation dans la forêt et je dois dire que même lorsque l’on n’est pas très sensible à l’Histoire, c’est un endroit assez magique. Lorsqu’il y a une cérémonie par exemple, quand bien même la tombe est vide, c’est assez prenant… »