par Lakhdar Khellaoui
Lors d'un voyage dans le désert, la nuit, le silence est tel que le moindre bruit s’entend à des kilomètres à la ronde. C’est ainsi qu’à chacun de nos pas, seuls nos chants résonnent dans l’immensité saharienne.
C’est sous la lumière de l’astre lunaire que chacun découvre la face cachée du désert.
Un monde inconnu que l’on explore avec enthousiasme alors qu’Il y a à peine 24h, nous étions tous à Orly.
Dimanche 25 novembre 2012..vers 11h40 Onze voyageurs, une vraie équipe de foot, se retrouvent prêts à embarquer pour découvrir le Sahara sous un autre jour.
Il y a Denise la courageuse doyenne, Francine la joyeuse, Fabrice le contemplatif, Myriam, la réfléchie, Geneviève la généreuse, Nathalie, l’artiste, Robert, le fidele aux voyages clair de lune, Hélène-Christine, la volontaire, Valérie, l’aventurière et Véronique, l’invité surprise !
Et puis bien sûr, moi, votre fidèle serviteur !
Arrivés à bon port, nous sommes accueillis par notre guide Hamid, qui nous fera partager son amour du désert pendant cette semaine magique.
Passée la première nuit à Ouarzazate, nous filons en minibus en direction de Hassi Merdani où l’équipe locale nous reçoit royalement au creux des dunes.
Il y a Brahim, le charmant et les deux Mohamed. L’un chamelier doux-rêveur, et l’autre cuisinier –marathonien qui ne manquerait pour rien au monde le Marathon des sables auquel il a déjà pris part 4 fois.
Après quelques moments de détente et un premier dîner sous les étoiles, l’équipée se met en mouvement.
Ca et là on donne un coup de main aux chameliers, ici on range le matériel, là-bas des compagnons de rando vérifient leur lacet et leur équipement pendant que d’autres font le plein d’eau.
Le signal de départ est enfin donné, la caravane de chameau s’active, pour entamer notre première étape sous la douce lumière de la lune.
Chaque jour, nous progresserons au rythme de 4 à 6h de marche à la découverte d’un paysage méconnaissable.
La randonnée nocturne nécessite un petit temps d’adaptation. Nos repères sont chamboulés au point de nous faire perdre la notion même de distance. Mais une fois nos cinq sens affûtés, nous découvrons que la nuit est le royaume de l’imaginaire.
A l’image des djinns, les dunes dansent sensuellement. Les acacias jouent avec leur ombre au rythme de nos respirations. Et les roches quant à elles, prennent des formes à mi-chemin entre l’homme et l’animal. Au loin surgit même une cathédrale de pierre en attente de nouveaux fidèles.
Endormie le jour, une faune insoupçonnée se dévoile dès le coucher du soleil. Gerboises, fennecs, chacals et hiboux partent en quête de nourriture.
Qui chasse qui ? Qui est chassé ?
Difficile de répondre à cette question tant ces animaux, par crainte de l’homme, gardent leur distance.
En levant la tête on aperçoit parfois des étoiles filantes, prétextes à fermer les yeux et à faire un vœu. On dit tous inch’Allah …Ô que ce voyage nous apporte sérénité et plus si affinité !
La lune nous dévoile plusieurs visages en passant du rouge à l’argenté.
Sa forme arrondie évoque le ventre de la femme sur le point de donner la vie.
Les jours se suivront et ne ressembleront pas. A chaque nuit son lot de découverte et de sensations.
Parmi les bons moments pris sur le vif. Ces nomades sillonnant la région d’un pâturage à l’autre. Semblant surgir de nulle part avec leurs troupeaux de chèvres, chameaux et ânes. Les simples plaisirs partagés avec nos compagnons berbères tels les chants, la galette fraichement cuite dans le sable et la convivialité des repas du soir sous la grande khayma (tente).
La gentillesse et l’humour de l’équipe locale jamais à court d’idée pour nous faire rire aux éclats.
Chaque nuit, après la randonnée, on s’accorde une pause thé bien méritée. On se raconte nos sensations, nos expériences. On partage nos émotions de voyageurs et on refait le monde jusqu’à ce que Morphé nous berce et nous transporte au pays des songes. Sûr que certain s’endormiront en chantant la célèbre comptine qui trotte déjà dans vos têtes :
Au clair de la lune / Mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume / Pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte, / Je n'ai plus de feu,
Ouvre-moi ta porte, / Pour l'amour de Dieu.
Au bout du voyage une rencontre inoubliable dans le petit village de Taowouss. Alors que nous marchions dans le hameau. Nous avions décidé de profiter de l’ombre au cœur de la petite palmeraie du bourg.
Au loin, Un vieil homme nous observait avec curiosité, puis a disparu un moment pour réapparaitre avec un plateau débordant de succulentes dattes. Hospitalité oblige, le sage a refusé de récupérer le plateau tant qu’il était plein. Il nous a donc fallu remplir nos poches de ces délicieux fruits, et poursuivre notre chemin avec des réserves.
Chargés d’énergie positive, nous sommes fin prêts à affronter l’hiver qui nous attend et à célébrer joyeusement les fêtes de fin d’année.
Au moment de se quitter, chacun y va de sa petite larme (de joie). On s’embrasse, on s’étreint chaleureusement. Chacun se remémore cette magnifique semaine riche de rencontres, d’amitié et de bonne humeur. De quoi faire de ce séjour une réussite.
Ce n’est qu’un au revoir…Sûrement pas un adieu !
D’autant plus qu’en quittant mes amis, d’autres idées de voyage au clair de lune me viennent à l’esprit…il y a encore tant de possibilité à explorer que je me vois bien faire le tour du monde au clair de lune …Qui repars avec moi ?